L’imaginaire touristique

    La barre symbolique du milliard de touristes sera a priori franchie en 2012, selon les estimations de l’organisation mondiale du tourisme. A titre de comparaisons, les touristes n’étaient que 25 millions en 1950. 

     Phénomène planétaire, le tourisme est une composante essentielle de notre modernité et de la culture de masse. Des petits week-end (rebaptisés hideusement citybreaks dans bon nombre de magazines “branchés”) aux croisières dans les caraïbes en passant par le club Med, le voyage touristique est façonné par des stéréotypes, des symboles et des mythes. C’est ce dont traite l’excellent ouvrage L’Imaginaire touristique de Rachid Amirou. Publié en 1995, il vient juste d’être réédité et complété.

 L’auteur analyse les fondements mythiques et anthropologiques du comportement touristique qu’il rapproche notamment des pèlerinages et des rites de passage.  

  

Que cherche le touriste ?

    Voyager ? Quelle est la motivation du touriste et le sens qu’il investit dans cette pratique ? Le tourisme exprime une triple quête : quête d’un lieu, quête de soi, quête de l’autre.

    Chaque voyage est rêvé, vécu et raconté sur la base d’images et de symboles. Le touriste cherche bien plus qu’une manière de se détendre, de s’amuser et de changer de décor. Plus qu’un simple dépaysement, le voyage permet la découverte de lieux mythiques, un « retour aux sources » et la quête d’une authenticité perdue.

  

Haine du touriste

    Le touriste, c’est d’abord l’autre. Celui à qui on ne veut pas ressembler. Au mieux, il est superficiel, égocentrique et inculte, au pire on le voit comme un réel danger qui détruit les traditions et l’environnement. Avec la démocratisation de la pratique touristique est née l’allergie aux touristes, notamment dans les endroits les plus prisés comme les mégalo-métropoles. 

  

Néotourisme

    On est loin du temps où les congés payés avaient un rôle émancipateur. Aujourd’hui, le tourisme de masse a un coté blasant. L’industrie du tourisme l’a bien compris et invente de nouveaux concepts pour s’adapter aux nouvelles valeurs des métropolitains type bobo : écotourisme, tourisme durable ou encore tourisme humanitaire. De quoi se rassurer sur sa façon de voyager (alternative, forcément), son empreinte carbone et son désir d’aller vers l’authentique. S’il s’agit réellement d’une approche plus responsable, on peut en douter. On est face au même problème que pour le marché bio : outil marketing ou changement profond de comportement ?