Berlin attend encore son grand aéroport

     Le 17 mai, la nouvelle est tombée :  le nouvel aéroport de Berlin, dont l’ouverture avait déjà été repoussée à deux reprises, n’ouvrira pas le 3 juin mais en 2013. D’un coût de 2,5 milliards d’euros, il s’agit du plus grand projet architectural ayant été construit depuis la réunification en 1991 et d’un des plus grands projets d’infrastructure en Europe.

     Pouvant accueillir dans un premier temps 27 millions de passagers annuels, mais 50 millions à terme (à l’horizon 2030), le nouvel aéroport desservira 172 destinations dans 50 pays. A la pointe de la modernité, il deviendra le troisième hub d’Allemagne derrière Francfort et Munich et répondra aux ambitions touristico-économiques de la capitale.

  

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Un aéroport sans cesse repoussé

       À l’origine, l’aéroport Willy-Brandt-Berlin-Brandebourg devait ouvrir en juin 2010. L’inauguration a été repoussée une première fois, au mois d’octobre 2011, à cause notamment de la faillite des entreprises chargées de la planification des travaux et d’une conception trop étroite des points de contrôle avant embarquement. En octobre 2011, un ingénieur-expert avait remis un rapport faisant l’inventaire des retards considérables du chantier. Moins de trois semaines avant l’inauguration en juin 2012, on annule tout, officiellement à la suite de problèmes avec le système incendie. Les défaillances du système anti-incendies ne sont pourtant pas l’unique raison du report. Il semblerait que tous les chantiers de l’aéroport accusent du retard. Les cartons d’invitation avaient déjà été envoyés à plus de 10 000 personnalités. Le préjudice en termes d’images est fort. Devisé au début des travaux, en 2006, à 2,4 milliards d’euros, l’aéroport coûtera finalement plus de 3 milliards d’euros, sachant que chaque mois de retard augmente la facture de 15 à 20 millions.

 

De trois aéroports berlinois à un seul

     Le ciel berlinois est encore marqué par la partition de Berlin. L’aéroport de Tempelhof, construit par Albert Speer, architecte d’Adolf Hitler, qui fut utilisé par la suite par les Américains et les Britanniques, avait fermé ses portes en octobre 2008. Restent deux aéroports de moyenne envergure : Tegel à l’ouest, construit par les forces françaises en Allemagne en 1948, et Schönefeld, principal aéroport de l’ex-RDA au sud est de la capitale. Ce n’est qu’avec l’ouverture de Willy-Brandt que l’espace aérien de la capitale sera réunifié. 

       La construction du nouvel aéroport s’est accompagnée de polémiques dès le début. Beaucoup regrettaient que l’on soit obligés de fermer Tegel, ce petit aéroport très près du centre ville et facilement accessible en bus (avec un ticket pas cher donc). Mais ce sont surtout les futures nuisances sonores qui énervent les riverains. Depuis 1996, ils réclament qu’un autre site soit choisi, moins proche des zones d’habitation, comme celui de Sperenberg (Brandebourg). Située dans une zone peu densément peuplée à 40km au sud de Berlin, Sperenberg abritait jusqu’en 1994 une base aérienne de l’Armée rouge. Les politiques ne tenant pas compte de cette enquête, ont préféré agrandir le site actuel de Schönenfeld. Même les professionnels n’ont pas été conquis. La présence de plusieurs aéroports facilite l’organisation et favorise la concurrence, comme l’a rappelé le patron de Ryanair. 

  

Lufthansa et AirBerlin embarassées 

      Lufthansa et Air Berlin, les deux principales compagnies allemandes, comptaient profiter de la nouvelle capacité de cet aéroport et en faire un de leur hub. Lufthansa, qui avait prévu d’y ouvrir 30 nouvelles routes en juin, réclame des dédommagements. Les compagnies devront se replier sur les anciens aéroports, insuffisants pour faire face au surcroît de trafic. Il semble en effet difficile que Tegel puisse assurer tous les vols prévus pour cet été.