Quand les geeks aident les métropoles

Code for America, ONG créé en 2009, souhaite mettre l’innovation 2.O et le dynamisme du monde entrepreneurial au service des municipalités américaines. La Silicon Valley produit les entreprises parmi les plus puissantes du monde (Apple, Google et Facebook en tête) mais ces succès se limitent souvent au domaine privé. Les fondateurs de Code for America partent du principe qu’en utilisant ces talents, on peut améliorer l’accessibilité, la transparence et l’efficacité des services publics. 

Code for Amercia, une solution 2.0 pour les métropoles américaines

Code for Amercia, une solution 2.0 pour les métropoles américaines

Partenariats entre développeurs, entrepreneurs et municipalités

Code for America permet aux jeunes talents et aux start ups de rencontrer des professionnels du secteur public et d’innover. De nombreuses villes ont été déjà séduites par l’initiative à travers le pays : San Fransisco, Boston, Chicago, Philadelphie, Seattle, Austin, Détroit ou encore la Nouvelle Orléans. 

L’incabuteur organise notamment des compétitions, des “hackathons” : programmateurs, designers, urbanistes et sociologues travaillent sur des applications et des plateformes en ligne innovantes. Leur but : améliorer la vie en société et adapter la ville aux défis de demain. Si toutes les idées ne sont pas retenues, le projet compte déjà de belles réussites. A Boston par exemple, une application mobile rassure les parents en cas de tempêtes de neige, en leur permettant de suivre en temps réel le bus de leurs enfants. 

Vers une ouverture des données et plus de transparence 

Plusieurs projets en cours révolutionnent le travail des municipalités. C’est le cas de l’ouverture des données aux citoyens sur laquelle travaille la fondation Omidyar, en collaboration avec Code for America. Les concepteurs web développent une plateforme internet capable de présenter les données de manière simple et accessible ainsi que des applications open source. Ces outils facilement transposables pourront être rapidement mis en place dans d’autres municipalités. Il s’agit d’outils de visualisation de données concernant la gouvernance, le budget et les services mis en place par la ville ou encore la redistribution locale de fonds fédéraux. Le travail politique est alors rendu lisible auprès des électeurs et des journalistes. 

Un financement alternatif et une démocratie revitalisée 

En période de crise et de restriction financière, de telles initiatives numériques sont bienvenues. Peu coûteuses, elles mettent à contribution la puissance collective d’internet et la bonne volonté des citoyens. Code for America a, en outre, réussi à attirer des financements publics et privés.

La révolution numérique permet de trouver des moyens alternatifs pour financer le service public mais aussi de revitaliser la démocratie, en favorisant une participation des citoyens. On peut imaginer se développer une citoyenneté urbaine qui contrebalancerait le sentiment d’impuissance et la méfiance envers les responsables politiques actuels. Avec le développement d’open data, la relation entre gouverné et gouvernant s’améliore grâce à cette nouvelle transparence. 

Les nouveaux outils numériques sont testés localement. Les villes s’imposent comme de véritables laboratoires de démocratie. Les idées qui fonctionnent pourront ensuite bénéficier aux autres municipalités ou être appliquées à une autre échelle. 

Un modèle d’avenir

Les européens ont suivi l’initiative de Code for America. Depuis décembre 2013, < Code For > Paris a rejoint Berlin, Barcelone, Amsterdam, Helsinki, Rome, Manchester dans la fédération Code for Europe.

Il s’agit d’un modèle prometteur pour les politiques publiques. Ces dernières années ont redistribué les cartes : une multitude d’acteurs, publiques comme privés, et une hiérarchie moins claire. C’est d’autant plus le cas aux Etats-Unis, où l’Etat fédéral ne peut avoir le même poids. Alors que le modèle de la banlieue s’essouffle et que les grandes métropoles américaines, parfaitement intégrées dans la mondialisation, sont les moteurs de l’économie, leur marge de manoeuvre, aussi bien au niveau économique que politique, n’a jamais été aussi grande. Une excellente nouvelle donc que le secteur privé de l’économie numérique, en pleine santé, vienne aider les municipalités à innover.